Et s'il en était autrement ?
Depuis toute jeune, je savais que mon objectif de vie était d'être une maman. J'allais être une maman aimante et heureuse. J'ai toujours dit qu'à 21 ans, j'aurais mon premier bébé. Or, la vie en a décidé autrement.
J'ai fait des études plus longtemps que prévu et lorsqu'est venu le temps de fonder ma famille avec mon amoureux, vers l'âge de 26 ans, ça ne s'est pas passé comme je l'avais imaginé. Chaque fois, j'entendais le décompte du cycle dans ma tête et j'étais pleine d'espoir. Chaque mois, je me disais que si ce n'était pas celui-ci, ce serait assurément le prochain. Chaque fois, je ressentais des symptômes de grossesse et je disais à mon amoureux que ça y était. Pourtant, chaque mois qui passait laissait une trace. Une trace de sang dans ma culotte, mais aussi une trace douloureuse sur mon cœur. Chaque fois, j'hallucinais cette petite ligne rose sur le bâtonnet le cœur rempli d'espoir pour finalement me retrouver les yeux remplis de larmes.
Plus les mois avançaient, plus mon amoureux s'informait sur les cliniques de fertilité. Je ne pouvais pas croire que je n'aurais pas mon bébé naturellement. Je ne voulais tout simplement pas y croire. J'avais toujours eu cette image dans ma tête de la découverte de ma première grossesse. Par un beau dimanche matin, soleil pénétrant les fenêtres, j'aurais des nausées matinales. Je ferais alors le test et une ligne claire apparaitrait rapidement. Je sourirais à mon homme en lui annonçant la nouvelle et il serait surpris et heureux. Je n'étais pas prête à abandonner cette idée et surtout, je ne voulais pas faire les examens en fertilité pour risquer d'apprendre que j’étais infertile. Alors, mois après mois, j'ai essayé tous les trucs de grands-mères. La prise de température, les calculs de date, les jambes en l'air, les lubrifiants spéciaux, les disques menstruels, les traitements en ostéopathie, les gros paquets de tests d'ovulation achetés en ligne et autres. Bref, c'était plutôt mécanique et de moins en moins plaisant pour tous les deux.
Après avoir enduré 2 ans de déceptions mensuelles, j'ai abdiqué. Je n'avais plus la capacité « d'essayer ».
La douleur était accablante. Je la ressentais tous les jours. Chaque fois, il y avait quelque chose pour me le rappeler. Soit une nouvelle amie nous annonçait sa grossesse, soit quelqu'un de mon entourage me demandait « c'était pour quand les bébés ». Je n'en pouvais tout simplement plus.
Nous sommes donc allés consulter des professionnels en fertilité. Effectivement, il y avait plusieurs examens à faire chacun de notre côté. J'étais terrifié à l'idée d'obtenir un diagnostic d'infertilité à la fin du processus. Pour moi, ça signifiait que je n'aurais jamais d'enfant et donc, que je n'avais plus ma raison d'être. J'avais même commencé à regarder comment ça fonctionnait pour les adoptions.
C'est dans le bureau du médecin qu'on nous a annoncé une « infertilité inconnue ». C'est le terme qui a été employé. Selon les explications, ça voulait surtout dire que c'était un mauvais « timing » à chaque fois. Nous allions donc procéder par insémination artificielle.
Juste le nom m'horrifiait. Je n'osais même pas en parler à notre entourage par honte. Je ne voulais pas avoir les commentaires des gens qui m'auraient probablement donné un truc de plus à essayer. Et surtout, je ne voulais pas qu'ils me demandent si ça avait fonctionné au bout du fameux 14 jours.
Alors que pendant 2 ans, j'avais imaginé des symptômes de grossesse tous les mois qui résultaient toujours en tests négatifs, cette fois-ci, je n'avais aucun symptôme. Je n'avais plus la force d'espérer encore et de vivre une nouvelle déception. J'avais donc décidé que je n'étais pas enceinte et que je ne verrais pas de ligne apparaître.
C'est donc par un beau dimanche matin, soleil pénétrant les fenêtres, 14 jours suivant l'insémination, aucune nausée à l'horizon que j'ai vu ma petite ligne rose. Elle était bien claire. Aucune confusion possible. C'était ma petite ligne à moi. Pas celle d'une fille sur les réseaux sociaux. C'était la petite ligne rose que j'attendais depuis tellement longtemps. Celle dont j'avais rêvé tant de fois et que j'avais si souvent hallucinée.
J'allais enfin être une maman aimante et heureuse...
Pour connaître la suite : Deuxième partie
En savoir plus sur l'auteure
Vanessa Harvey, co-fondatrice de Pavot Melon et Accompagnante à la naissance
Maman de 3 enfants, elle a ressenti l’appel à la profession de Doula lors de son dernier accouchement.
Ayant récemment quitté le milieu de la santé en tant qu’infirmière, elle se consacre maintenant entièrement à ce métier méconnu.
Elle aime travailler avec les jeunes et futures familles afin de leur permettre de vivre une aventure rassurante qui les rassemble.